les journalistes maliens s'engagent contre la désinformation
l’UNESCO appuient les journalistes afin d’acquérir de l’information de qualité.
Vingt jours après l’annonce du premier cas au Mali, alors que la population malienne se familiarise petit à petit à un nouveau mode de vie, les fausses informations foisonnent, ce que l’OMS a qualifié, en début février : «d’infodémie». Après les messages du Secrétaire Général des Nations Unies sur la lutte contre la désinformation, et de la Directrice générale de l’UNESCO, le Représentant de l’UNESCO au Mali a, lors d’un entretien, rappelé l’importance d’acquérir de l’information de qualité pour améliorer les résultats du personnel de santé à travers le monde en général et au Mali en particulier.
En période de crise sanitaire, la désinformation peut, entre autres, conduire des personnes à de faux sentiment de sécurité, ou en pousser d’autres à ne pas se soumettre aux mesures barrières ni recourir aux soins adéquats. De telles attitudes ne peuvent qu’accroître leur vulnérabilité et celles des autres face au COVID-19.
Par ailleurs, le personnel sanitaire et médical risque également d’être confronter à une certaine méfiance des populations vis-à-vis des infrastructures sanitaires, du corps médical (déni ou minimisation de la maladie, suspicion, théorie du complot, etc.). Cela peut être plus accentué par le poids de certaines pratiques traditionnelles et religieuses dans l’appréhension et la gestion de la pandémie.
L’indifférence de plusieurs jeunes, qui représentent plus de 50% de la population malienne, face aux instructions de protection par la prévention ( gestes barrières), dont le confinement, constitue un autre risque très important notamment pour les violences basées sur le genre. Ces jeunes, bien souvent confortés par de fausses informations sur leur non-vulnérabilité, négligent les indications de prévention contre cette maladie.
« Je ne suis pas sûr de la véracité de cette maladie, car je n’ai vu aucune personne malade. Je pense que c’est un problème politique, alors cela ne me concerne pas» un jeune malien au journal télévisé national.
Outre la désinformation, l’on observe aussi la multiplication des actes de stigmatisation envers des personnes du fait de leur origine liée à des pays où la maladie a connu une rapide progression, mais aussi envers des nationaux « revenus au bercail », en provenance des pays fortement touchés par la maladie. « Je dis non à la stigmatisation et invite tout le monde à respecter les gestes barrières, car le COVID-19 est réel. Ne cachons pas la maladie par honte, car en la déclarant tôt, il y a de fortes chances de guérir car la prise en charge est parfaite par les services sanitaires. Aujourd’hui je suis guéri et je dois réintégrer la société comme auparavant tout en respectant scrupuleusement les gestes barrières » un représentant communautaire guéri de la maladie.
Dans un tel contexte et conformément au mandat de l’UNESCO de soutenir les efforts du gouvernement pour lutter contre la progression de la pandémie au Mali, une démarche intersectorielle s’impose. Ce d’autant plus que cette lutte n’est plus seulement sanitaire mais aussi communicationnelle ou informationnelle. C’est pour cette raison, que le bureau de l’UNESCO à Bamako en partenariat avec le UNCG, envisage de mettre en œuvre une initiative visant à renforcer l’accès des jeunes, des femmes, surtout celles en zones rurales à l’information authentifiée sur le COVID-19.
D’ores et déjà, le Représentant de l’UNESCO au Mali lors d’un entretien avec la radio des Nations Unies (MIKADO FM) a rappelé l’importance de disposer d’une information de qualité pour améliorer les résultats du personnel de santé à travers le monde.Parlant de l’initiative lancée par la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Audrey Azoulay, M. Moukala a rappelé qu’il faut sensibiliser les communautés en véhiculant la bonne information. « La campagne #DontGoViral répondra au besoin urgent de garantir l’accès à des informations culturellement pertinentes sous licence libre dans les langues nationales, afin de faciliter la sensibilisation sur la manière d’atténuer la propagation du COVID-19 sur le continent ».