Allocution de la Coordonnatrice humanitaire lors de la Journée mondiale de l’aide humanitaire
Tous les ans depuis 2009, Les Nations Unies et les partenaires humanitaires célèbrent le 19 août la Journée mondiale de l’aide humanitaire.
Monsieur le Ministre de la solidarité et de l’action humanitaire
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Excellences Mesdames et Messieurs les membres du Corps Diplomatique,
Mesdames et Messieurs les Directeurs Départementaux des Services étatiques,
Chers collègues,
Chers journalistes,
Le 11 décembre 2008, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution pour désigner le 19 août, Journée mondiale de l’aide humanitaire…
Pourquoi le 19 août ?
Parce que c’est ce jour-là, en 2003, que 22 personnes ont perdu la vie dans l’attentat contre le Siège des Nations Unies à Bagdad, en Iraq. Ainsi, cette journée rend hommage aux travailleurs humanitaires à travers le monde.
Cette année, le thème retenu s’inscrit dans le prolongement de celui de l’année dernière à savoir : « Les civils ne sont pas une cible ».
Ce thème vise à rappeler à tous que dans les situations de conflits, les civils y compris les humanitaires, ne doivent pas être une cible.
Dans les pays en conflit, il est constaté que les civils sont les premières victimes de violences et les personnels humanitaires et médicaux qui les assistent sont de plus en plus pris pour cible sur le terrain des opérations. Et pourtant, le droit international humanitaire protège les civils dans les situations de conflit .
Face aux violences, la communauté humanitaire lance un appel fort pour que les civils soient épargnés de ces souffrances que rien ne saurait justifier. Ces violences, en plus de d’affecter la quiétude des populations, détruisent tout ce qu’elles ont construit des années durant et les rendent très vulnérables.
Aujourd’hui, nous avons une pensée envers ces personnes dont la vie et la dignité doivent être protégées par les parties impliquées dans les conflits.
Pour le bon déroulement des opérations humanitaires, il est crucial que les ONG, les agences des Nations Unies et leurs partenaires puissent intervenir avec l’assurance que leurs personnel, biens et activités ne soient ciblés par des actes de violence. Les humanitaires font partie des civils et ne doivent pas être une cible car leurs actions sont fondées sur les principes de la neutralité, de l’humanisme, de l’indépendance et de l’impartialité.
Les attaques en direction des humanitaires et des infrastructures sociales de base freinent l’assistance et provoquent des retards dans la fourniture de l’assistance humanitaire voire le retrait des humanitaires dans les cas extrêmes.
Au Mali, des civils ont été tués, blessés, enlevés ou contraints au déplacement dans les zones touchées par les conflits.
A cause de l’insécurité dans le nord et le centre du pays, plus de 4 millions de personnes ont besoin, entre autres, d’une assistance humanitaire en vivres, soins de santé, eau potable, éducation.
Près de 200 000 personnes ont été obligés de ses déplacer à l’intérieur du pays et dans les pays voisins pour assurer leur protection.
Les organisations humanitaires qui interviennent dans le nord et le centre du Mali sont aussi affectées par ce climat d’insécurité et sont parfois victimes de vols, braquages de véhicules et d’autres types de violences. Au total, 9 humanitaires ont été tués, 33 blessés et 7 autres kidnappés puis relâchés depuis octobre 2013. De plus, 133 véhicules (44 en 2017 et 23 du 1er janvier au 2 juillet 2018) d’acteurs humanitaires ont été volés depuis cette même date.
En fin juin, une centaine d’incidents sécuritaires affectant les humanitaires ont été enregistrés dans le pays contre une soixantaine en 2017 à la même période.
Toutefois, il convient de souligner que la majeure partie des violences enregistrées contre les travailleurs et les installations humanitaires au Mali relèvent de la criminalité et ne constituent pas des attaques ciblées contre le mandat humanitaire des organisations.
Au-delà de sa fonction commémorative, le 19 août est aussi une journée de célébration. En effet, elle vise à célébrer l’esprit humanitaire ainsi que les milliers de travailleurs dans le monde, qui chaque jour, aident des millions de personnes. La Journée mondiale de l'aide humanitaire est une occasion pour magnifier les actions de ces hommes et femmes qui œuvrent pour atténuer les souffrances de ceux qui sont dans le besoin. Je saisis cette occasion pour rendre un hommage mérité aux humanitaires qui travaillent, ici au Mali, pour plus d’une centaine d’organisations parfois dans des conditions sécuritaires difficiles.
Répondre aux urgences n'est qu'un aspect de notre travail. Les acteurs humanitaires soutiennent également les communautés à reconstruire leurs vies durant et après les catastrophes et les crises, pour qu’elles deviennent plus résilientes face aux futurs chocs.
J’appelle tous les acteurs en mesure de garantir la sécurité des civils et des humanitaires à prendre les mesures appropriées pour que ces derniers soient épargnés des violences affectant leur protection et le bon déroulement des opérations humanitaires.
Permettez-moi finalement de remercier très chaleureusement les donateurs pour leur soutien qui nous permet d’assister les populations maliennes dans le besoin en appui aux efforts du Gouvernement. Les organisations humanitaires ont reçu près de 100 millions de dollars sur une requête de 330 millions de, soit un taux de financement de 30%. Toutefois, des fonds additionnels sont nécessaires pour assister les populations touchées par les conséquences de la crise agro-pastorale et des conflits au nord et au centre du pays.
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie de votre attention.