LA COORDONNATRICE RESIDENTE DE L’ONU VISITE LA REGION DE KAYES

Visite à Kayes de la Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe, accompagnée par certains membres de l’Equipe pays
Du 28 au 30 avril 2021, la Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire Général des Nations Unies pour la MINUSMA, Coordonnatrice Humanitaire et Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe, accompagnée par certains membres de l’Equipe pays des Nations Unies au Mali, a visité la Région de Kayes.
Cette mission visait à renforcer la coordination des activités de développement dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 et faire le plaidoyer auprès des partenaires gouvernementaux pour une meilleure prise en charge des populations touchées par l'insécurité alimentaire, la malnutrition, l’'accès à l'eau, des épidémies sans oublier les réfugiés mauritaniens installés à Kayes. Il s’agit aussi de sensibiliser pour une meilleure prise en compte des cas de violences basées sur le genre.
La rencontre avec les autorités administratives et politiques qui a été présidée par le Gouverneur de Kayes le Col. Moussa Soumaré, a permis de faire le point de la situation de développement dans la région et cerner les défis enfin de faire des recommandations pour le bien de tous.
Pour le Gouverneur de la Région, « nous sommes très ravis de recevoir cette mission importante de l’ONU au Mali. Cela est une aubaine pour nous d’initier ensemble des projets et initiatives non seulement pour le développement, mais aussi pour faire de la prévention et consolidation de la paix dans notre Région. Pour cela, il faudrait des projets pour créer des emplois pour les jeunes et les couches sensibles dans les différentes localités et avec les opportunités locales dans l’agriculture, la transformation industrielle, le commerce etc. ».
Lors des échanges avec les services étatiques, chaque ministère sectoriel à fait le point de ses actions et relever les défis et opportunités. Aux dires des directeurs régionaux, les problèmes majeurs à Kayes sont entre autres le chômage des jeunes, l’orpaillage et ses conséquences sociales et environnementales, l’insécurité alimentaire, la déscolarisation des filles, le difficile accès à l’eau potable, la faible pluviométrie, les pesanteurs sociaux tels que le problème d’esclavage etc.
Une occasion saisie par Madame la Coordonnatrice Résidente de les remercier et les rassurer qu’elle fera le plaidoyer auprès de qui de droit pour que des solutions idoines soient trouvées aux différentes difficultés. Madame Mbaranga Gasarabwe a aussi indiqué qu’elle rencontrera tous les bailleurs de fonds y compris les Agences du système des Nations Unies à Bamako pour échanger sur comment traduire les opportunités en initiatives concrètes au profit des populations de la Région.
La mission n’a pas pu résister à l’envie de se plonger dans l’histoire de la Région de Kayes. Avant la visite du Fort de Médine (construit en 1855 par Faidherbe, un officier de l'armée française, en lutte avec les troupes d’El Hadj Oumar Tall), la délégation a écouté le notable et l’historien Mamadou Fofana, membre du conseil régional des collectivités, raconté l’histoire de la Région : les Forts de Koniakary et Médine, Logo Sabouciré, l’assaut de Elhadji Oumar Tall, sans oublier l’histoire du chemin de fer et des rails qui donnait une âme plus vivace à la région.
A l’instar de plusieurs autres régions du Mali, Kayes est touchée par la Covid-19 avec 913 cas cumulés à la date du lundi 26 avril 2021. Les autorités locales, les acteurs de la santé et tous les partenaires notamment les Nations Unies et les ONG spécialisées conjuguent leurs efforts dans la riposte COVID-19 à Kayes. Une belle collaboration qui a permis d’obtenir des résultats encourageants. Cependant, il faudrait plus d’attentions de la part d’autres bailleurs en soutient à la Région pour se doter notamment de laboratoire d’analyses PCR pour rapidement diagnostiquer les cas et circonscrire la chaine de contagion.
L’initiative Spotlight à l’avant-garde de la lutte contre les VBG dans la Région de Kayes
Dans l’après-midi du 29 avril, Madame Mbaranga Gasarabwe et sa délégation ont visité le One Stop Centre à l’hôpital de Kayes (Centre de prise en charge holistique médical, juridique, psychologie… des survivantes de violences sexuelles). Ce Centre initié par le programme Initiative Spotlight, financé l’Union Européenne œuvre pour qu’aucune femme ou fille victime de VBG ne soit laissée pour compte. L’Initiative Spotlight est un programme initié par l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies visant à éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles.
A l’issue de la visite, la Coordonnatrice Résidente a échangé en toute confidentialité avec une fillette survivante de VBG. Une histoire émouvante et triste qui interpelle tous.
Mariam* (le nom a été modifié) est une fillette de 13 ans. Elle a été violée par le mari de sa mère. Elle tombe enceinte et accouche difficilement d’une petite fille. Traumatisée et bouleversée par ce qui lui est arrivée, la jeune maman est toujours sous le choc. A son arrivée au Centre, Mariam a été prise en charge par l’équipe d’assistance sociale, médicale etc. Son cas est en cours de référencement auprès des autorités juridiques compétentes.
Dans la Région de Kayes, le programme Initiative Spotlight œuvre au changement des comportements et normes sociales face aux pratiques néfastes : l’excision, le mariage des et mineurs.
Lors de sa rencontre avec les associations et ONG féminines de Kayes, Madame Mbaranga Gasarabwe a instruit aux Kayesiennes de s’engager pleinement dans la sensibilisation pour l’abandon des violences faites aux femmes et de se battre pour que plus aucune fille ne subisse ce que Mariam a subi.
Auparavant, lors de sa rencontre avec les organisations de la société civile, les collectivités locales et les acteurs communautaires tels que les imams, le RECOTRADE, les ONG et Associations de Défenses des droits de l’Homme, Madame la Coordonnatrice Humanitaire a invité les hommes à emboiter le pas à leurs frères de Ségou. A Ségou, un groupe d’hommes engagés contre les VBG a mis en place un club de « Masculinité positive » pour défendre et protéger les droits des femmes.
Retrouver sa dignité !
L’un des points d’orgue de cette mission a été la remise de kits à 15 jeunes et une famille des 5 personnes assistés au retour volontaire de Lybie, Algérie et Niger avec l’appui de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM Mali) à travers son bureau de zone de Kayes.
Mamadou Fofana, le trentenaire, est un jeune Kayesien qui est parti irrégulièrement en Lybie à la recherche d’un Eldorado. Très vite, son rêve tourne au cauchemar. Entre précarité et séjours multiples en prison qui lui ont valu la perte de ses droits humains et sa dignité, il accepte finalement l’offre de l’OIM de retourner chez lui parmi les siens. Mamadou est alors ramené à Bamako puis à Kayes son village natal où il a reçu une assistance à la réinstallation de la part de l’OIM. Désormais, Mamadou est fier de s’essayer à l’élévation avec son petit troupeau constitué d’un taureau et trois vaches laitières. « Même si l’OIM ne me donnait rien de plus, le fait de revenir chez-moi et de retrouver ma dignité, vaut plus que tout pour moi. Merci à eux pour ce geste qui redonne un sens à ma vie », a-t-il confié.
Tout autre histoire, M. Keita, un migrant qui a passé plus de 20 ans en Lybie avec sa famille, raconte son périple. « Au début tout allait bien. J’étais prospère et je gagnais bien ma vie en Lybie où j’ai amené ma femme et mon fils. Surplace, nous avons eu deux autres enfants. Mais avec la chute du régime de Kadhafi, notre vie est devenue un enfer, nous avons tout perdu. Grâce à l’appui de l’OIM, nous sommes rentrés chez-nous pour commencer une nouvelle vie. »
La famille Keita a été dotée de machines à coudre, car M. Keita est couturier de métier. Pour occuper sa femme, un frigo lui a été offert pour qu’elle puisse vendre des jus frais. Un lot de vivres a aussi été donné à cette famille qui repart de nouveau pied.
Prevention de conflits, les clubs « Anbè yongon bolo – On est ensemble !» voient le jour
En clôture de cette mission très riche en activités, le lancement des clubs « Anbè yongon bolo – On est ensemble !» initiés par les Fonds de Consolidation de la Paix des Nations Unies (PBF).
Ces clubs mis en place dans différentes localités des communes de la Région de Kayes visent à consolider la paix et à garantir le vivre-ensemble à travers les mécanismes communautaires et traditionnels de gestion de conflits. « Nous voulons maintenir la quiétude et la concorde qui règnent dans notre Région. Pour cela, rien de mieux que de renforcer la cohésion sociale. D’où l’idée de ces clubs composés de toutes les couches sociales de nos communautés », a expliqué M. Kouyaté, le Président du Réseau des Communicateurs Traditionnels pour le Développement, antenne de Kayes.
Pour la Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire Général des Nations Unies pour la MINUSMA, Coordonnatrice Humanitaire et Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe, « malgré son climat ardu et particulièrement chaud, Kayes a un potentiel économique et agricole immense qu’il faut exploiter au profit des populations les plus vulnérables comme les femmes, les enfants, les réfugiés et les personnes vivant avec handicap. C’est aussi un excellent aimant pour retenir les jeunes sur places et attirer la diaspora à apporter ses compétences pour développer la région ».