Mot de la Coordonnatrice résidente à l’occasion de la réunion du comité de pilotage du projet de la zone Liptako-Gourma
Innovant par son aspect régional, le nouveau projet veut aussi faire de la sécurité une question participative.
Mme le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale ;
Messieurs les représentants des Autorités nationales du Burkina, du Niger et du Mali,
Chère collègue, Coordinatrice Résidente du Système des Nations au Burkina ;
Chers collègues du PNUD Burkina, du Mali et du Niger ;
Mesdames et Messieurs les représentants des bénéficiaires du projet ;
Honorables invités ;
En vos rangs et qualités et tout protocole observé ;
C’est pour moi un réel plaisir d’être parmi vous ce matin à l’occasion de cette deuxième session du Comité de Pilotage du projet « Promotion de la Sécurité Communautaire et la Cohésion Sociale dans la zone du Liptako-Gourma ». Le Mali est très honoré d’abriter cette deuxième session après la première tenue le 25 avril dernier à Dori au Burkina Faso.
C’est l’occasion pour moi de souhaiter la cordiale bienvenue aux délégations du Burkina et du Niger ; et de remercier les autorités maliennes d’avoir facilité l’organisation de la présente session.
D’une superficie de 370 000 km2, la Région du Liptako-Gourma est située à cheval sur les frontières communes du Burkina, du Mali et du Niger. La particularité de la région réside dans le fait qu’elle est constituée de zones particulièrement enclavées et des plus déshéritées des trois pays.
Elle représente 19,29 % de la superficie totale des 3 États membres et comptait en 2002, 16,5 millions d’habitants, soit 45 % de la population totale des 3 pays réunis. L’activité économique dominante est l’agriculture et l’élevage. Dans le sous-secteur minier, la Région du Liptako-Gourma regorge d’importantes réserves potentiellement exploitables (manganèse, phosphate, calcaire à ciment, fer, gîtes aurifères…). Malheureusement, faute d’investissement appropriés pour ces opportunités locales à dimensions nationales, voire régionales et mondiales, ces ressources demeurent inexploitées à cause de leur situation géographique (à plus de 1 000 km de la mer), de l’inexistence de transport adéquat et du coût élevé de l’énergie.
Cet état de fait est exacerbé par une insécurité qui trouve un terreau favorable dans la porosité des longues frontières que partagent les trois pays et le manque d’opportunités économiques pour de nombreux jeunes de la région. En effet, la région du Sahel de façon générale fait face depuis une dizaine d’années à une détérioration drastique de la situation sécuritaire avec l'enracinement continu du terrorisme, de l'extrémisme violent et l’exacerbation des tensions intra et intercommunautaires. La situation s’est particulièrement détériorée depuis la crise de 201I-2012 au Nord Mali qui a généré de nouvelles formes de criminalité organisée. Face à cette situation, les pays du Sahel, ainsi que plusieurs partenaires au développement se sont mobilisés afin d’apporter des réponses concertées adéquates au-delà des limites de frontières entre les pays.
Le Système des Nations Unies, a alors élaboré une stratégie intégrée sur le Sahel destinée à accompagner les pays de la région dans leurs efforts de promotion de la sécurité et du développement. Cette stratégie axée sur trois piliers que sont la i) Sécurité, ii) la Gouvernance et la iii) Résilience, se veut complémentaire aux efforts des pays et constitue une réponse intégrée des Nations Unies à la crise du Sahel.
Le présent projet « Promotion de la Sécurité Communautaire et la Cohésion Sociale dans la zone du Liptako-Gourma (PSCCS) formulé par les bureaux pays du PNUD du Burkina, Mali et Niger, en partenariat avec les gouvernements respectifs des trois pays est l’une des déclinaisons opérationnelles de cette stratégie. Ce projet innovant par son aspect régional veut aussi faire de la sécurité une question participative. Les Forces de Défenses et écurité ont leur rôle à jouer, et les communautés sont également des acteurs de leur propre sécurité. C’est donc collégialement que doivent être prises les décisions qui impactent les communautés. Ainsi, la confiance brisée entre les populations qui se sentent livrées à elles-mêmes, comme l’indique une enquête de perception commandée par les Forces de
Défenses et de Sécurité du Niger, pourra être restaurée et la sécurité améliorée. Relativement à l’aspect régional, il est important de rappeler la nécessaire harmonisation des systèmes d’alerte précoce afin qu’une menace identifiée à une frontière ne se traduise pas en incident sécuritaire de l’autre côté de cette même frontière sans avoir pu
exploiter l’avantage de l’information.
Financé par le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (PBF), ce projet unique de par sa nature transfrontalière est mise en oeuvre par le PNUD en partenariat avec d’autres agences des Nations unies (HCR, OIM) et des structures nationales. Il vise les trois résultats clés :
Résultat1 : Les jeunes et les femmes, notamment ceux marginalisés sont de plus en plus impliqués dans les processus de prise de décision, adoptent des comportements civiques et entreprennent des activités génératrices de revenus ;
Résultat2 : La sécurité communautaire dans les zones frontalières des 03 pays, est renforcée à travers la collaboration entre les FDS, les autorités administratives et locales, entre les FDS et les populations et entre les populations frontalières elles-mêmes;
Résultat3 : Les conflits entre communautés transfrontalières liés à la transhumance sont réduits par une gestion concertée des ressources naturelles. De son lancement en avril dernier à nos jours, plusieurs initiatives de consolidation de la paix sont mises en place par chacun des trois pays individuellement et/ou conjointement. Parmi les réalisations majeures
conjointement menées par les trois pays, je voudrais citer :
1. Le développement d’un plan de travail conjoint inter-pays validé
lors de la première session du comité de pilotage tenu à Dori au
Burkina Faso en avril 2018 ;
2. La Tenue de deux rencontres des municipalités frontalières sur les enjeux et défis sécuritaires dans la zone du Liptako Gourma et le rôle des élus dans la prévention et la gestion des conflits communautaires ainsi que la montée de la radicalisation et de
l’extrémisme violent.
3. La réalisation d’un état des lieux des textes réglementaires des trois pays sur la problématique de la gestion des frontières, qui sera suivi par la formation des FDS, des élus et des organisations de la société civile, prévue courant Novembre 2018 au Mali.
4. Formation de plus de 300 jeunes (filles et garçons) en entreprenariat et leur dotation en kit de travail selon les corps de métier pour créer des opportunités économiques à ces groupes
5. Organisation des travaux conjoints (journées de salubrité) entre populations et FDS, dont l’objectif est de restaurer la confiance et les relations de travail entre ces deux groupes d’acteurs.
Madame le Ministre,
Mesdames, Messieurs
Malgré ces résultats encourageants, le projet est en train d’explorer les voies et moyens pour accélérer sa mise en oeuvre et montrer que des initiatives transfrontalières de cette nature peuvent constituer une réponse efficace à la problématique du Sahel. Aussi, les conditions sécuritaires difficiles de la zone d’intervention du projet affectent l’accessibilité des communes par les différents acteurs pour conduire les activités dans les délais requis. La rencontre de ce matin devra nous permettre d’examiner le chemin parcouru à travers le rapport d’avancement, de tirer les leçons apprises et de faire des propositions pour la conduite des autres activités de manière à atteindre les résultats attendus dans des délais raisonnables.
Au regard de la situation sécuritaire qui influe sur le rythme de la mise en oeuvre, je vous exhorte à explorer les efforts d’accélération et de considérer engager le PBF pour évaluer la possibilité de revisiter les conditions de mise en oeuvre et une éventuelle extension du délai du projet.
Madame le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Avant de clore mon propos, je voudrais exprimer toute notre gratitude aux autorités des trois pays concernés par le projet pour leur engagement dans sa mise en oeuvre. Aux représentants des communautés bénéficiaires, je demande de rester vigilants et mobilisés
autour des différentes activités du projet, gage de sa réussite.
Au nom de mes collègues du PNUD et au mien propre, je voudrais réitérer la disponibilité des Nations Unies à oeuvrer aux côtés des gouvernements dans leurs efforts de consolidation de la paix, de renforcement de la cohésion sociale et de lutte contre la pauvreté.
C’est sur cette note d’espoir que je voudrais souhaiter plein succès aux travaux de cette deuxième session du comité de pilotage du projet transfrontalier dans la zone du Liptako Gourma Burkina – Mali - Niger.
Je vous remercie pour votre aimable attention.